Maxence Amiel, perdre la terre
Paru en 2020 aux éditions La Crypte, perdre la terre de Maxence Amiel porte un travail et des réflexions que l'on retrouve dans d'autres poésies d'aujourd'hui. L'obligatoire conscience de la crise climatique et environnementale. Peut-on parler d'autres choses ? Comment faire pour ne pas y penser au moment d'écrire ? Des questions qu'on peut entendre, qu'on peut poser. Et auxquelles Maxence Amiel trouve une porte de sortie poétique avec ce recueil qui met en scène, à la manière d'un roman post-apocalyptique, une vision du futur.
Dans une première partie, une humanité passée, pleine de regrets, qui s'est oubliée, chemine péniblement à travers une nature salie (les jardins sont des mares gluantes pleines d'acide) et quasiment disparue.
Néanmoins, l'espoir y est subtilement tenu. L'humanité, même en péril, ne s'éteint pas, ne rompt pas. Cette première partie, sombre, retrouve un formidable élan de vitalité avec la suite du recueil. Le texte, aussi bien dans le fond que dans la forme, rebondit, repart et revit.
Il convient ici de souligner la construction du recueil, primordiale dans le raisonnement du texte. Construit en deux parties, la première est une demi phrase, une proposition dont l'anaphore "que" nous fait immédiatement pénétrer dans ce monde. Nous sommes déjà dans cette phrase. Nous sommes peut-être déjà dans ce monde qui s'annonce. La seconde partie est, elle, une nouvelle phrase qui utilise aussi l'anaphore avec cette fois "alors". Les deux parties sont conjuguées au futur et propose au lecteur une histoire. Une narration dans laquelle il nous paraît nécessaire "que" ça arrive (sans jamais qu'un évènement particulier, responsable de cette évolution, ne soit mentionné) pour qu' "alors" advienne la renaissance du monde.
Une écriture qui réussit à toucher ce que nous sommes aujourd'hui et peut-être demain. Un recueil engagé sans faire de l'engagement ni son sujet ni sa condition. Un texte qui questionne et laisse imaginer. Faut-il perdre la terre pour mieux la retrouver ?
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