7.03.2023

 Emanuel Campo, Maison, poésies domestiques 


Recueil paru en 2016 aux éditions la Boucherie littéraire. C'est donc avec pas mal d'années de retard que je découvre ce texte qui a eu cependant sa quatrième édition, revue et augmentée, en 2019. Je fais le choix d'en parler pour ceux qui, comme moi, seraient passés à côté. Parce que ce texte est toujours aussi juste, parce qu'il résonne toujours autant. On trouve dans Maison, une paternité qui se crée, une maison qui se construit à l'aide de mots retrouvés, parfois proche des mots de l'enfance, une poésie qui se joue du monde. 



Me dis que

l'ordre
- les chiffres bien rangés
l'alphabet tout ça -
a bien des limites 

puisque certaines
personnes arrivent 
tout de même à 
se perdre dans les trains.

Comme quoi
tout a beau être
tracé

on dévie.

La poésie est ici narrative. Une prose qui alterne et entremêle souvenirs et temps présent raconte le quotidien d'un jeune père, un jeune père poète. Parfois empreinte d'un cynisme mordant, ou d'un rire jaune mais doux, la poésie d'Emmanuel Campo dit la vie de famille, la relation à l'enfant, le "tu" de la relation intime. Une poésie qui nous livre le désenchantement avec beaucoup de tendresse.


Tu t'es permis
de m'emprunter mon Bukowski
pour le lire aux toilettes.
Le glamour des premiers jours s'en est allé
comme des chevaux sauvages dans les collines.


La poésie de Maison, poésies domestiques dérange l'ordre établi ou ce qui, communément admis, ne devrait pas l'être. Une poésie qui dérange l'ordre de la langue comme celui des temps modernes pour réenchanter le quotidien à bâtir. 


Lien vers l'éditeur :